Pensées d’un jeune poète
Pourquoi pas un peu de poésie dans cette rubrique ? Pas de poèmes langoureux, qui pèseraient sur la chaleur de l’été, mais des vers rythmés, tordus, inégaux, qui portent les interrogations d’un jeune homme.
C’est Hervé Mendy qui offre cette lecture dans un petit recueil intitulé Spectres. Il s’agit de son premier livre sur lequel apparaît une forme floutée, vêtue de clair, telle une apparition à l’image de son titre. À l’intérieur du recueil, sept chapitres de sept poèmes chacun et déjà des questions : s’est-il représenté sur la couverture, comme si l’écriture le faisait émerger d’un au-delà ? Quel rôle joue le chiffre sept qui constitue l’armature de son texte ?
À cela, nous n’avons pas les réponses, il nous apporte en revanche des couleurs : NOIR pour la peur, le pessimisme ou l’horreur, ROUGE pour le sang, la colère, les armes, le feu, BLEU pour le froid et la solitude, GRIS pour la crainte, la tristesse ou le néant, ORANGE pour le cirque, le clown, le rire, l’extravagance, ROSE pour l’apaisement mais aussi la combativité, et enfin KALÉIDOSCOPE, sorte de conversation avec lui-même, introduction et en même temps conclusion de ses réflexions.
Les vers sont enlevés, parfois irréguliers, rebondissant sur des mots, des expressions, recourant à l’anaphore, mais toujours les rimes retombent sur leurs pieds ! Les références aux héros japonais illustrent les impressions de l’auteur, Kitsune, Yasuki ou encore Date Masamune, signes d’une pénétration certaine de la littérature des mangas dans la culture occidentale.
Comme dans un dédoublement, Hervé Mendy passe du IL au JE. À quel moment est-il le plus présent ? C’est dans le dernier chapitre KALÉIDOSCOPE que ce jeune homme semble vouloir donner les clefs de son besoin d’écrire. Il résume les pensées diffusées auparavant, sur les questions qui le tourmentent et sur l’humour qu’il utilise pour, malgré tout, donner une image radieuse de lui-même.
Pour finir, quelques vers pour mettre en appétit :
« Comment savoir si l’objectif est atteint ? Je ne le sais pas
Tout dépend de toi, ce n’est pas en errant sans réfléchir que tu réussiras
Tu comprendras que ce vide est aussi dur à remplir qu’un estomac
Sans fond
Alors à tes fourchettes, fais preuve de gourmandise avec aplomb
Me concernant, je n’ai pas encore de quoi remplir mon assiette
Alors j’avance vers ceux qui remarquent et acceptent ma présence
Cela me permet de picorer, tel un corbeau cherchant des miettes
En attendant la part de gâteau qui définira mon existence »
Le livre